« Breath your life in to me. »

Léandra&Elea

Plantée devant un plan depuis maintenant cinq minutes, je cherche désespérément l'adresse que ma mère m'avait indiqué par sms, dès mon arrivé à la gare. Je n'ai jamais eu le sens de l'orientation, alors foutez-moi devant une carte et j'en aurai pour deux heures. La preuve. Je dois ressembler à une touriste, avec mon énorme valise -qui doit être deux fois plus lourde que moi-, et mes sacs. Enfin, c'est un peu le cas. C'est la première fois que je me retrouve à Naples. Je n'ai même pas pris la peine de regarder à quoi cette ville pouvait bien ressembler avant de me jeter sur le premier plan sur lequel je tombais. Mon train avait de l'avance, mais je me suis dis qu'avec la chance que j'ai, je mettrais autant de temps à trouver la rue qu'à décoder une carte. Une dizaine de grimaces plus tard, et me tapant une magnifique crampe au bras à force de suivre le chemin sur le panneau avec mon doigt, je me décide enfin à lâcher celui-ci pour m'engouffrer dans la première rue qui se trouve à ma droite... Je n'ai pas fais dix mètres que je suis déjà paniquée à l'idée de me perdre dans cette ville. Je suis mal barrée... Mon portable se met à vibrer dans ma poche. Maman. Au secours ! « Allô ? […] Comment tu... Nan je suis pas perdue je viens de sortir de la gare, et là jeeee... cherche la bonne rue ! […] Oui. […] Mais oui je te rappelle ce soir ! Promis. […] Bisous, j't'adore aussi. » J'affiche un faible sourire en imaginant la tête de ma mère à cet instant. Je n'arrive toujours pas à réaliser que je suis à Naples, seule, et surtout, que je suis totalement paumée. A vrai dire, là, je ne m'en préoccupe pas vraiment. Telle une gamine devant un magasin de bonbons, je regarde partout autours de moi, un sourire enfantin collé sur le visage. J'ai l'impression d'être en vacances, mais je sais très bien qu'il va falloir que je me bouge vite pour trouver l'école, et remplir les papiers nécessaires avant de commencer les cours. J'ai hâte !

En attendant, ce que je redoute le plus, c'est la rencontre avec ma colocataire. Non pas parce que j'ai peur de me retrouver en compagnie d'une psychopathe, mais surtout parce que je ne suis pas toujours facile à vivre, contrairement à ce que l'on pourrait croire. J'ai l'air gentille, je le suis ! Je crois. Mais je suis, disons... assez spéciale. Et au quotidien, je me doute que ce doit être plutôt emmerdant. Soit ! J'ai promis d'être sage. Je m'arrête dans un supermarché pour acheter deux, trois petites choses, de quoi faire un bon petit repas pour ce soir, histoire de ne pas arriver les mains vides, ce serait mal vu. J'en profite pour demander mon chemin à la caissière, ne voulant pas tourner en rond pendant deux heures, parce que ma valise commence sérieusement à se faire lourde et encombrante. Finalement, il y a des chances que j'arrive en avance, mais tant pis, j'espère juste que Léandra ne m'en voudra pas pour ça. J'aurais au moins appris une chose aujourd'hui, les Napolitains sont super sympa !

Tout en luttant pour monter les marches et les trottoirs avec ma valise, je découvre le quartier dans lequel je vais vivre. Agréable, à première vue ! Je ne regrette pas d'avoir écouté ma mère et d'être venue ici. C'est un bon moyen pour me changer les idées, la preuve, je n'ai pas pensé une seule fois à Lia depuis que je suis dans le train. Enfin, maintenant que je le dis, j'y pense, mais pas en mal, pour une fois... J'affiche un nouveau sourire en apercevant enfin le bon numéro d'immeuble et m'empresse de m'y engouffrer, non sans mal. Si on ne me vire pas d'ici en pensant que je suis une SDF avec toutes mes fringues et mon style étrange, j'ai vraiment de la chance... Pour le moment je ne vois personne, mais heureusement que les étages sont notés à côté des noms, sur les boites aux lettres. Fillecci... Fillecci... Ah ! Trouvé. Dernière étape à passer : monter les étages... Je jette un regard désespéré sur mes sacs, avec l'espoir que des ailes apparaissent dessus. C'est beau de rêver. Telle une aventurière -ou pas-, je les remets un par un sur mes épaules et m'avance jusqu'à l'ascenseur. Il serait peut-être temps que je songe à faire un peu de gym, histoire de muscler ce petit corps tout frêle. Un coup de vent et je m'envole. Il faut dire que je ne suis pas bien grosse, et ma taille n'arrange pas grand chose, je passe souvent pour une gamine de 15 ans alors que j'en ai cinq de plus. Tout pour plaire, en somme !

Enfin arrivée devant la porte. Il me fallut une bonne minute pour récupérer un peu, et le temps de me préparer psychologiquement à voir enfin la fille avec qui je vais partager l'appartement. Enfin, techniquement, c'est le sien, alors il vaut mieux que je me surveille moi plutôt qu'elle, et que j'évite de faire la folle, à partir de maintenant. Je n'ai pas envie qu'elle prenne peur et qu'elle me vire d'un coup de pompe dans le fessier, que je me retrouve réellement comme une SDF dans une ville que je ne connais même pas ! Ce serait du joli. Je m'appuie d'une main contre le mur et tente d'atteindre la sonnette. Dix secondes pour y arriver. Je me redresse au mieux et cesse de respirer comme un bœuf lorsque la porte s'ouvre enfin. Soulagement ! A première vue, Léandra ne ressemble ni à une psychopathe, ni à une poupée barbie grandeur nature. Elle a un joli minois, un sourire un peu forcé, mais justifié au vu de la situation; je ne dois pas être très présentable sur le moment. Elle n'est pas tellement plus grande que moi. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression qu'un poids s'enlève. Au moins une chose sur laquelle je peux me rassurer, avec un peu de chance, on s'entendra bien ! Je ne vois pas pourquoi ça ne serait pas le cas, après tout. « Elea ? Tu es en avance ! Entres… » « Merci ! » Répondis-je avec un large sourire. Léandra n'a pas l'air très à l'aise, et je crains que ce soit à cause du fait fait que je sois très en avance... Je fais quelques pas sans lâcher mes affaires et observe partout autour de moi, sans oser faire un geste de plus, par peur de faire une connerie. Étrangement, chaque fois que je me retrouve dans un nouvel endroit, je casse quelque chose, ou je me ramasse. Je me racle discrètement la gorge et regarde à nouveau la jeune brunette, qui semble réfléchir à je ne sais quoi. « Moi c’est Léandra et voici ton nouveau chez toi..bah entres hein, assied toi ou euh..bah fais ce que tu veux... » Je me retiens pour ne pas lâcher un petit rire en me pinçant les lèvres. C'est moi, ou cette fille n'aime pas avoir des invités ? Je ne vais rien dire... Nous mettrons ça sur le compte de la timidité. Au moins, elle m'aide à me défaire de mes sacs. Je lui souris à nouveau et la remercie. Son regard est légèrement perturbant, elle semble me dévisager. J'ai l'impression de débarquer d'une autre planète ou je ne sais quoi. En même temps, c'est plutôt compréhensible, et habituel pour moi. Ce n'est pas ma faute si je ne suis pas comme les autres, avec mes cheveux orange pétard et mes fringues quasi multicolore. « Dieu merci, tu n’es pas une barbie bimbo ! » Me fait-elle en posant une main sur sa poitrine, l'air soulagé. Un rire m'échappe. Tant mieux si ça la rassure de de devoir partager son appartement avec une gamine de 20 ans plutôt qu'avec une pute à frange. « Je pourrais dire la même chose ! » « Assied toi ! » Léandra me montre le sofa, et je m'exécute, heureuse de pouvoir enfin m'asseoir. J'en joui presque ! Mes jambes ne me supportait plus.

J'en profite pour observer la pièce. L'appartement est tout de même plus grand que je ne l'avais imaginé. La déco est plutôt agréable, simple, mais jolie. Je l'aime déjà ! « J’ai plus que du coca, je voulais aller faire deux trois courses pour faire un petit apéro ce soir. Maman m’a dit qu’on fait comme ça quand on accueille les gens..Euh..pardon..enfin je sais pas si tu veux…si ça plait..tu sais les parents hein…euh.. » Cette fille m'amuse. Elle n'a pas besoin de se forcer à se montrer aimable si elle n'en a pas envie. Et puis, qu'elle se déstresse ! Je ne mords pas à ce que je sache. « Pas de soucis ! Te tracasses pas vas, on se passera de l'apéro, je nous acheté de quoi faire un bon repas. » Elle gagne au moins une chose en m'acceptant chez elle, j'adore cuisiner ! Et faire le ménage ne me pose aucun problème, je sais me servir d'un aspirateur depuis mes six ans. Les tâches ménagères ne m'effraient pas. Bon, ok, je ne suis pas vraiment une adepte du rangement, il arrive souvent que ma chambre termine comme Bagdad, mais je saurai changer ça. Je fronce les sourcils en voyant Léandra se mettre la tête dans le congélo. Cette fille est tout de même étrange... Elle revient enfin, avec deux canettes, qu'elle pose sur la table basse. J'en récupère une pour l'ouvrir et manque d'en foutre partout lorsque je sens ses doigts attraper une de mes mèches de cheveux. « C’est marrant cette couleur ! » Elle m'a fait peur ! Je ne m'attendais pas vraiment à ça de sa part, vu la façon dont elle se comporte avec moi depuis le début. Je tourne la tête vers elle, souriant timidement, alors qu'elle se met à rougir, regrettant surement son geste. « Excuses moi…. » « T'excuses pas, c'est pas la première fois qu'on me le fait. Et puis j'adore qu'on me touche les cheveux. » Mon regard se veut rassurant et amusant, mais Léandra n'a vraiment pas l'air à l'aise. Le problème, c'est que je ne la connais pas ! Je ne sais pas comment faire pour la décoincer. Qu'est-ce qui la fait rire ou même sourire ? Quelque chose me dit que je vais avoir beaucoup de mal à me rapprocher d'elle. Même si ça ne fait que cinq minutes maintenant, j'ai cru comprendre qu'être en compagnie d'autres personnes ne lui plait pas vraiment. A moins que ce soit seulement parce qu'elle ne voulait pas partager son appart' avec quelqu'un... J'ouvre la bouche, m'apprêtant à me lancer dans un monologue débile, histoire de stopper ce long silence, lorsqu'une boule de poils apparue dans un coin de la pièce. « Oh, t'as un chat ?! J'adore les chats ! Enfin, j'adore les animaux ! Mais c'est nul chez moi je pouvais pas en avoir ma mère en a peur et mon père est allergique alors j'ai jamais pu en avoir. Il s'appelle comment ? Ça fait longtemps que tu l'as ? Il a quel âge ? Il a l'air jeune ! J'peux le caresser ? Oh, il est trop mignon ! C'est quoi comme race ? » Je n'avais pas dis que je devais me calmer... ? « Pardon ! J'ai tendance à m'emballer un peu vite pour un rien... »

La jeune femme avait l’air d’être mal à l’aise, même en faisant des efforts je crois bien que j’étais définitivement larguée concernant les relations humaines. Pourtant celle-ci semblait se passer mieux que les autres, la petite rouquine semblait bien plus compréhensive que les autres personnes que j’avais pu cotoyer. Super j’avais tapé dans le mille ! « Je pourrais dire la même chose ! » Un large sourire fendit mon visage, au moins nous avions trouvé un accord et un point commun, la pouffe de base n’était ni son délire ni le miens ! Je la suivit jusqu'au sofa et avant de m’enfuir vers la cuisine elle me dit : « Pas de soucis ! Te tracasses pas vas, on se passera de l'apéro, je nous acheté de quoi faire un bon repas. » Cette fille est une meilleure maitresse de maison que moi, ou simplement une très bonne hôte ! Enfin un peu déstabilisée par sa réponse je filais a vive allure pour aller me cacher dans le frigo, ah si seulement la porte pouvait se refermer derrière moi pour que je me blottisse dans le noir et dans le silence. Je revins avec le coca bien frais me persuadant que cette fille n’allait pas me manger. J’étais tellement intriguée par sa couleur flashy sur les cheveux que j’avais le besoin de toucher, comme pour vérifier qu’il s’agissait de véritables cheveux, quelle idiote biensur qu’il s’agissait de vrais cheveux ! Et en plus j’étais incorrecte et déplacée ! Je ne pouvais m’empêcher de rougir et de me confondre en excuses après ma pulsion stupide. Pourtant cela semblait l’amuser et ne pas être gênant pour elle, celle-ci me répondit sur un doux doux : « T'excuses pas, c'est pas la première fois qu'on me le fait. Et puis j'adore qu'on me touche les cheveux. » Ah ? bon…bah tant mieux alors ! Je baissais le regard en soupirant, soulagée mais ce n’est pas pour autant que l’humiliation c’était envolée. Peut être m’avait elle tout simplement répondu cela par simple politesse ou pour tenter de me rassurer. Cette fille semblait vraiment gentille, ça me changeait de tous ces cons !


Et la ce que je craignais par-dessus tout se produisit : le silence, vous savez ce blanc gênant dans les conversations. Il arrivait bien plus tôt que je n’aurais pu l’imaginer, c’est pas vrai ça commence mal ! Je me pinçais la lèvre inférieure nerveusement et agitais mes doigts sur ma canette. Elea décida de briser le silence, de manière plutôt extrême : « Oh, t'as un chat ?! J'adore les chats ! Enfin, j'adore les animaux ! Mais c'est nul chez moi je pouvais pas en avoir ma mère en a peur et mon père est allergique alors j'ai jamais pu en avoir. Il s'appelle comment ? Ça fait longtemps que tu l'as ? Il a quel âge ? Il a l'air jeune ! J'peux le caresser ? Oh, il est trop mignon ! C'est quoi comme race ? » J’écarquillais les yeux et entrouvrais la bouche, wahou elle parle trop ! Je comprend mieux pourquoi je ne fréquente pas les filles, les filles c’est bavard il leur faut tout un tas de phrases pour peu de contenu, comme si elles tiraient profit de l’assomage de crâne avec leurs blablatage inutile et ne savaient pas utiliser l’option résumer aller droit au but. Etais ce l’expression de mon visage face à sa réaction ou c’était elle rendu compte elle-même de son débit de paroles ? La nervosité et l’envie de meubler la conversation devait en être la cause car celle-ci se rendit compte de ce qu’elle venait de faire et elle s’excusa : « Pardon ! J'ai tendance à m'emballer un peu vite pour un rien... » Un sourire amusé illumina mon visage tandis que je posais ma canette sur la table basse. Je me levais et fronçais les sourcils en la regardant : « Je te déconseilles fortement de me faire ça le matin, si tu tiens à la vie ! » Un éclat de rire s’échappa d’entre mes lèvres à demi ouvertes. Mon regard se radoucit et j’allais chercher Geepsy qui semblait fortement intrigué par les valises de la demoiselle. Une flexion de genoux plus tard je me redressais avec le chat dans les bras, il frottait sa tête contre mon menton en ronronnant tandis que je revenais devant la petite rouquine. Je me penchais doucement vers celle-ci : « Je te présentes Geepsy, le roi de la maison ! Tends doucement ta main pour qu’il te sentes. » Elle s’exécuta et Geepsy ne semblait pas tellement rassuré, le pauvre chat n’avait pas l’habitude de voir un étranger débarquer chez moi. Je tentais tout de même de le poser sur les genoux d’Elea, il la fixait avec inquiétude tandis qu’il reniflait son tee shirt. Même apeuré il restait doux et gracieux, son pelage long et blanc comme la neige contrastant avec le bleu azur de ses grands yeux. La jeune femme tenta de le caresser mais celui-ci baissa les oreilles et se déroba, il alla se cacher derrière les valises à l’autre bout de la pièce. Je laissais échapper un petite rire en voyant l’expression sur le visage de la jeune femme, eh oui comme moi il fallait l’apprivoiser, je tentais de la rassurer « Il n’a pas l’habitude de voir du monde, il te faudra un peu de temps pour qu’il s’habitue. Enfin tu peux l’amadouer facilement avec de la nourriture, monsieur est gourmand ! Il est aussi très charmeur alors ne te laisse pas influencer et ne lui donne rien d’autre que des croquettes.»


Je m’asseyais aux côté d’Elea et bu une nouvelle gorgée de coca. J’avais du mal à tenir en place j’étais bien trop nerveuse. Il fallait à mon tour que j’anime la discussion, Elea avait eu la gentilesse de commencer une tentative pour me mettre à l’aise, c’était à mon tour maintenant. Et puis ça avais marché, enfin juste l’instant pendant lequel j’étais concentrée sur mon chat. « Merci pour le repas, on devrait peut être mettre ça aux frais ! » J’attrapais la main de la jeune femme en me levant et me dirgeant vers la cuisine. Et puis je vais te faire visiter et te montrer ta chambre. » Lorsque je m’aperçu de mon geste je m’arrêtais net et lâchais sa main en écarquillant les yeux. Les cheveux puis la main, cette fille allait me prendre pour une dingue ! Je replaçais nerveusement une mèche de cheveux derrières mon oreille. Euh .. désolée je suis un peu nerveuse je crois.. j’ai pas…l’habitude en fait euh.. bon la c’est la cuisine… » Bafouillais je à toute vitesse, je rangeais les courses qu’elle avait faites Puis je prenais soin d’ouvrir chaque placard et chaque tiroir, peut être un peu vite afin de lui montrer la place de chaque élément dans la cuisine. Ensuite je l’invitais à me suivre vers le reste de l’appartement, dans le petit couloir qui menait aux chambres je lui montrais les toilettes et la salle de bain, ma chambre et juste en face la sienne. Sa chambre était soigneusement décorée sur le thème africain chaque pièce avait un thème, la mienne le japon, la salle à manger / salon c’était plutôt design moderne et épuré la salle de bain était verte et marron très nature, avec des décorations en bambou, seules les toilettes étaient simples. Etant donné mon hostilité envers les gens, il faut avouer que je n’avais pas grand-chose à faire d’autre que de décorer mon appartement. Une fois dans sa chambre je me tournais vers elle en croisant les bras.
« Tu veux peut être ranger tes affaires et t’installer tranquillement ?» Lançais je d’une voix timide. Elle était surement fatiguée du voyage. Je ne lui laissais pas le temps de répondre que j’ajoutais. « Je vais acheter de quoi faire l’apéritif, c’est juste en bas, pendant que tu prends un peu tes repères, tu veux euh.. de la bierre ?» Je glissais mes doigt dans mes cheveux encore humides en attendant sa réponse, je ne savais pas trop si elle buvait de l’alcool, les rares fois que je buvais j’étais facilement ivre. La bierre ça pouvait aller ce n’était pas encore trop fort pour moi.

Quelle conne ! A peine arrivée, je vais déjà commencer à lui faire peur. Il faut vraiment que je fasse des efforts pour me calmer. C'est tout moi, ça. Il faut que j'arrête le sucre ! « Je te déconseilles fortement de me faire ça le matin, si tu tiens à la vie ! » Malgré son rire, je sais qu'elle est sérieuse, et je la comprends parfaitement. Personne n'aime être blindé de blablatage dès le réveil, même si pour ma part, je suis déjà surexcitée le matin, je ferais en sorte d'être muette. « Comptes sur moi alors, je serais sage comme une image. » Dis-je en accentuant ma phrase par un sourire à la colgate. Léandra se lève et je profite qu'elle me tourne le dos pour laisser échapper un soupire en fermant les yeux. Les relations et moi, ça n'a jamais été vraiment un grand succès. Il faut dire, que peu de personnes arrivent à me comprendre. Faut croire que les autres grandissent beaucoup plus vite que moi, dans leur tête. Ils pensent tous que je ne suis qu'une gamine immature, mais en vérité, je sais être sérieuse quand il le faut, beaucoup plus qu'ils ne le pensent, d'ailleurs. Je trouve ça juste dommage de voir qu'on ne sait plus s'amuser et profiter à partir d'un certain âge. Du moins, ceux que je connais ont l'air de s'être foutu un balais dans le cul. Je ne sais pas ce que cette Léandra vaut, pour le moment j'ai seulement remarqué qu'elle n'était pas à l'aise avec les autres, j'en déduis que ça ne va pas être simple de la traîner à des soirées ou inviter des personnes ici... Peut-être que je me trompe, je l'espère !

Je me penche pour regarder à nouveau le chat qui s'amuse à sentir mes sacs, tandis que Léandra s'approche de lui, pour le prendre. Curieuse et souriant comme une gamine, j'observe celle-ci revenir vers moi avec le chat dans ses bras. « Je te présentes Geepsy, le roi de la maison ! Tends doucement ta main pour qu’il te sentes. » Timidement, je lève ma main vers lui et le laisse me sentir quelques secondes, avant que la jeune brunette ne se décide à le poser délicatement sur mes genoux. Je n'ose plus bouger. Il me rappelle étrangement le chat de Lia, sauf que le sien était plus grassouillet et beaucoup moins sympathique. Geepsy a l'air tellement doux. Je tente d'approcher ma main pour le caresser, mais celui-ci prend peur et part se cacher derrière mes sacs. C'est pas gagné, je suis tombée dans un appart d'asociales ! Il va falloir changer ça. « Il n’a pas l’habitude de voir du monde, il te faudra un peu de temps pour qu’il s’habitue. Enfin tu peux l’amadouer facilement avec de la nourriture, monsieur est gourmand ! Il est aussi très charmeur alors ne te laisse pas influencer et ne lui donne rien d’autre que des croquettes. » Je relève la tête vers Léandra et lui souris. Je suis sûre que ça peut marcher aussi avec elle ! Un bon plat à la façon Elea et elle se laissera amadouer ! Enfin, espérons. Je récupère ma canette et bois quelques gorgées, le temps que Léandra reprenne sa place sur le sofa. Mais celle-ci n'y reste pas bien longtemps. « Merci pour le repas, on devrait peut être mettre ça aux frais ! » Sans avoir le temps de répondre quoi que ce soit, elle prend ma main pour m'entrainer à la cuisine. Geste auquel je ne m'attendais vraiment pas de sa part. Je la voyais tellement timide et loin d'être du genre tactile, et pourtant, elle vient tout de même de me prendre la main. Même moi, qui semble nettement plus à l'aise avec les inconnus, je n'aurais pas été capable de faire ça, dix minutes seulement après notre rencontre. Pour preuve, je sens le rouge me monter aux joues, mais n'ose rien dire sur le moment, me laissant trainer comme une poupée. Je ne sais pas si Léandra l'a fait exprès, ou si elle ne s'est pas rendue compte de ce qu'elle vient de faire. « Et puis je vais te faire visiter et te montrer ta chambre. » Je me pince les lèvres, sans dire quoi que ce soit. Une fois dans la cuisine, elle remarque enfin la situation et semble extrêmement gênée. Je ne pu m'empêcher de laisser apparaître un faible sourire au coin de mes lèvres en voyant sa tête. « Euh .. désolée je suis un peu nerveuse je crois.. j’ai pas…l’habitude en fait euh.. bon la c’est la cuisine… » Ne sachant quoi répondre, je ne réponds rien et me contente de garder le sourire tout en balayant la pièce, observant chaque détails avec curiosité. J'essaye de me souvenir de l'emplacement de chaque objet, tandis que Léandra ouvre tous les tiroirs et placards. Je hoche de temps en temps la tête en l'écoutant. La cuisine reste ma pièce préférée, allez savoir pourquoi. Ma mère m'a appris à cuisiner tellement de desserts depuis que je suis gamine. C'est devenu une de mes passions. Chaque semaine, j'essaie une nouvelle recette.

La jeune brunette termine de ranger ce que je nous ai acheté, avant de me faire la visite du reste de l'appartement. La salle de bain, les toilettes, sa chambre, la mienne. Chaque pièce est différente, j'ai l'impression de voyager chaque fois que j'en découvre une nouvelle. Je pense que je vais vraiment bien me plaire ici ! Je reste un long moment plantée dans ce qui est désormais ma chambre, émerveillée. Rien à voir avec celle que j'avais à Rome. « Tu veux peut être ranger tes affaires et t’installer tranquillement ? » J'ai seulement le temps de revenir sur terre et tourner mon regard vers elle, qu'elle enchaine directement sans que je ne réponde « Je vais acheter de quoi faire l’apéritif, c’est juste en bas, pendant que tu prends un peu tes repères, tu veux euh.. de la bière ? » « Euh... Oui ! De la bière, pourquoi pas. » Répondis-je enfin avec un sourire. Elle semble y tenir, à cet apéros ! Sans avoir besoin de rajouter quoi que ce soit, Léandra quitte la chambre après m'avoir adressé un sourire timide. Je me décide enfin à bouger lorsque la porte d'entrée se ferme. Glissant une main dans ma chevelure orange, je me dirige vers le salon, pour récupérer mes affaires et les emmène tant bien que mal dans ma chambre. Seulement, dans le couloir, je croise Geepsy qui apparaît de je ne sais où et me fait perdre l'équilibre. Je me prends une belle chute juste devant la porte de ma chambre, faisant fuir le chat, qui, décidément, aura bien du mal à ne plus avoir peur de ma présence avant un certain temps. « Ça commence bien... » Fais-je en regardant mes sacs étalés par terre. Heureusement que Léandra n'a pas assisté à cette scène ridicule. Quoi que, maladroite comme je suis, elle y aura surement droit très bientôt. Du moment que je ne casse rien... Enfin remise de ma chute, je me redresse en m'appuyant au mur et rentre mes sacs un par un dans la chambre, déjà démotivée pour les vider et ranger les affaires. De toutes façons, il va bien falloir que je m'y mette un jour ou l'autre. Je hausse les épaules et quitte finalement ma chambre pour aller me poster devant celle de Léandra. Sans oser faire un pas à l'intérieur de celle-ci, j'observe depuis l'encadrement de la porte, la décoration, ne manquant pas de remarquer la guitare posée dans un coin de la pièce. Elle sait jouer de la guitare ? Au moins un point en commun !

Je retourne finalement dans ma chambre, prenant mon courage à deux mains, pour ouvrir le premier sac, et sortir tous mes t-shirts, chacun ayant une couleur différente. Oui, j'ai un style très particulier en ce qui concerne les fringues, je ne suis pas spécialement touchée par la mode, mais j'adore passer du temps à me relooker, trouver un nouveau maquillage, une nouvelle coupe, et je collectionne les t-shirts ! Je dois bien en avoir une vingtaine dans mon sac. Et l'autre moitié est restée à Rome, je n'avais pas suffisamment de place malheureusement. Plus besoin de se demander maintenant pourquoi je suis aussi chargée ! Tout en cherchant comment ranger mes affaires dans mon armoire, Léandra revient, et ne tarde pas à me rejoindre dans la chambre. « Je pense que je finirais de ranger demain ! J'ai pas vraiment le courage de m'y mettre ce soir. » Lui dis-je en souriant. Je pose tout de même ce que je tenais dans mes bras et reviens vers elle. « J'ai oublié de te remercier, d'avoir accepté de m'accueillir chez toi. Je saurai me rendre utile, je suis pas du genre à rester affalée sur le canapé si tu t'inquiétais pour ça. » J'avoue que là, j'ai manqué de tact, j'aurais dû la remercier dès le début. Je ne pense pas vraiment qu'elle ait prévu d'inviter quelqu'un à vivre avec elle. Je me doute que ça mère l'ait un peu forcé à accepter. Et j'espère qu'elle ne l'a pas fait à contre-cœur. Je jète un dernier regard sur mes affaires posées en vrac sur le lit, les mains sur les hanches. « Bon ! On le prend cet apéros ? » Histoire d'éviter le rangement pour maintenant...

J’avais surement du accentuer le malaise en agissant de la sorte! Elea avait prit mon avertissement avec le sourire et semblait déterminée à me plaire, réaction naturelle, mieux vaut faire bonne impression des le début. Malheureusement ce n’était ni dans mes capacités ni dans mes projets, j’avais fait des efforts uniquement pour ma mère, mon amabilité c’était accentuée juste parce que j’étais un peu soulagée par son look et sa chevelure flashy. Comme quoi il est parfois possible de m’attendrir. Cependant la pression ne redescendait pas pour autant, étant donné mon manque de naturel et mon attitude maladroite je tentais d’isoler la jeune femme dans sa chambre, avec tout ces sacs elle devait avoir tout un tas de choses à ranger et moi cela me permettrais de chercher des idées de phrases à lui dire. Je devais me contenter du minimum par jour sinon j’allais finir par exploser ! Je ne lui laissais pas vraiment le choix lorsque j’imposais un apéro’ j’aurais quelques minutes seules pour décompresser un peu. La laissant seule avec ses bagages je filais à la superette sans vraiment me presser, j’avais l’intention de prolonger mon court instant de solitude. Malheureusement la superette se trouvait au coin de la rue donc si je mettais une demi heure cela allait paraitre bien trop louche et ne faire qu’accentuer ce malaise. Une fois de retour dans l’appartement je posais le pack de bierre dans le frigo et versait les sachets de gâteaux apéritif dans des petits ramequins que je disposais sr la table basse.


C’est uniquement après quelques rondes dans le salon et de profonds soupires que je me décidais à la rejoindre dans sa chambre. Appuyée contre l’encadrement de la porte je regardais la petite rouquine se débattre avec ses vêtements. Un sourore se dessina sur mes lèvres lorsqu’elle se tournait vers moi «Je pense que je finirais de ranger demain ! J'ai pas vraiment le courage de m'y mettre ce soir» Je hochais la tête avant de lui répondre « Si tu as besoin de rangements supplémentaires on ira voir pour une commode, l’armoire est un peu petite alors bon … en attendant si tu veux je te ferais une place dans la mienne. » Elle posa ses affaires sur son lit avant de me dire la phrase que je redoutais « J'ai oublié de te remercier, d'avoir accepté de m'accueillir chez toi. Je saurai me rendre utile, je suis pas du genre à rester affalée sur le canapé si tu t'inquiétais pour ça» Euh de rien c’est ma mère qui ma forcé ? Pas top comme réponse, je hôchais donc la tête un sourire gêné étirant mes lèvres, je glissais nerveusement une main dans ma chevelure afin de lui répondre d’une petite voix. « De rien. Enfin tu regretteras déjà demain ! » Je laissais échapper un petit rire un peu fier d’avoir tourné ma réponse à la plaisanterie. Même si il y avait une grosse part de vérité dans ma réponse je tentais d’éviter les grandes embrassades et les cérémonies de politesse séquence émotion, très peu pour moi ! Elea semblait l’avoir parfaitement compris et faisait de son mieux pour m’éviter tout malaise, elle relançait les conversations sans vraiment me laisser le temps de fuir ou de céder à la panique. « Bon ! On le prend cet apéros ?» Un sourire se dessina sur mes lèvres tandis que je croisais les bras, je reculais d’un pas et fit un mouvement de tête pour lui indiquer de me suivre. « Je ne suis pas sure que les bierres soient bien fraiches mais ça devrais le faire ! » Dis je à Elea en me dirigeant vers le salon tandis que celle-ci m’emboitait le pas.


Une fois dans le salon j’inspirais profondemment en posant ma main devant ma bouche, exprimant ainsi la stupidité de mon oubli. Les ramequins sur la table oui mais niveau présentation j’étais totalement larguée. Je m’empressais de trouver un briquet et sorti des bougies chauffe- plat du meuble du salon je les disposais sur la table basse après les avoir allumées une à une. Puis je tendais les bras sur les côtés imitant une révérence. J’étais fière de m’être rattrapée mais vu la tête que faisait Elea je m’immobilisais et fronçais les sourcils. Qu’est ce que j’ai foiré ? C’est pas comme ça qu’on fait ? Je haussais les épaules un peu déçue de sa réaction, moi qui m’attendais à une réaction positive je devais être encore une fois larguée. C’est alors que je m’éclipsais dans la cuisine pour aller chercher les bierres. Lorsque j’étais de retour dans le salon je regardais la jeune femme qui m’attendait assise sur le sofa en contemplant les bougies. Je posais les bierres sur la table basse et m’asseyais à ces côtés. J’ouvris les deux bierres avec mon briquet. Lorsque je reportais mon regard que la jeune femme elle semblait être perdue dans ses pensées. Je fronçais les sourcils me rendant compte que j’avais peut être un peu exagéré avec le coup des bougies. Je grattais l’arrière de ma tête et d’une voix gênée je lui dit. Euh j’en fais trop c’est ça ? » Une grimace tordais ma bouche tandis que je baissais le regard un peu confuse de l’avoir rendue mal à l’aise. Eh bien la colocation c’était vraiment pas gagné ! Je prenais donc sur moi en me raclant la gorge et prenant une forte inspiration afin de me donner un peu de force et de courage. J’attrapais les deux bierres et le lui en donnait une. C’est avec un petit sourire et mon regard plongé dans le sien que je cognais doucement ma bierre contre la sienne dans un doux tintement de verre. « A la jeunesse !»


Je laissais échapper un petit rire amusé après ma référence à notre cohabitation, la sele chose que je savais de cette fille c’est qu’elle venait étudier à Naples et qu’elle quittait tout juste le foyer parental dans le but d’une vie fun entre étudiantes ? Euh la dernière partie de la phrase était une supposition qui relevait bien plus du rêve que de la réalité. Pas de chance pour elle, la jeune femme avait la plus jeune grand-mère de Naples comme colocataire. Oui c’est ce que les étudiants disaient de moi. Je n’avais que faire de leurs remarques stupides, je ne perdais pas mon temps à me souler tout les week end pour me réveiller dans la chambre d’un inconnu, je ne laissais pas tomber les études parce que j’étais amoureuse ou enceinte, je ne me disputais pas avec des amis ou petits amis puisque je n’intéressai jamais personne. Bref je vivais en paix avec moi-même sans envier leur vie de débauche qui pour moi n’avait rien d’attrayant. Ni jalouse ni envieuse, des toute petite j’avais été mise à l’écart je ne faisais pas parti de ce monde ? Très bien je n’allais pas me morfondre je m’étais bâtit un monde qui avait bien plus de valeurs que leur monde superficiel !
Je bu une gorgée de ma bierre avant de reposer mon regard sur la jeune fille qui se trouvait à mes côtés. Ce soir je devais au moins faire l’effort de ne pas être un animal sauvage, histoire qu’elle ne fasse pas de cauchemars cette nuit ! «Euh..c’est bon pour ton inscription à la fac ? Enfin je veux dire tu as déjà tout réglé avant d’arriver ou tu dois t’en occuper cette semaine ?» Pas top la conversation mais je n’étais ni animatrice de camping ni starlette de fac alors je faisais avec ce que je trouvais et pour tout avouer dans le rôle de l’improvisation j’étais plus douée dans le sarcasme que dans la discussion amicale.

Plus je passe de temps avec cette Léandra, et plus cette fille me perturbe. Étant donné que je ne la connais pas encore, je ne sais jamais si ce qu'elle dit est sincère, sérieux, ou ironique... Allez savoir. Je pense qu'il y a un peu des trois, et c'est fort déstabilisant. Elle a ce sourire, à la fois gêné et forcé, qui me laisse un peu... mal à l'aise, moi-même. Je ne sais pas vraiment sur quel pied danser. Est-ce qu'elle apprécie l'humour ? Ou est-ce qu'elle préfère de façon un peu coincée ? J'ai peur d'en faire trop, ou pas assez. Je me souviens alors de ce que m'a mère m'a dit, avant que je monte dans le train « Sois toi-même ! Pas de forçage, ni de masque, il faut bien que cette Léandra voit qui est la vraie Elea, dès le début. » Certes, elle n'a pas tort. Le problème, c'est que je ne m'étais pas vraiment faite à l'idée que cette jeune brunette était aussi... différente de moi. Je n'ai pas non plus envie de l'effrayer dès notre rencontre. Manquerait plus que ça, qu'elle me foute à la porte, parce que je suis trop "bizarre !". « Je ne suis pas sure que les bières soient bien fraiches mais ça devrais le faire ! » Bon, j'ai au moins trouvé un moyen de la décoincer un peu. Cet apéros qu'elle semblait attendre depuis le départ pourra sans doutes m'aider à trouver le courage de lui parler sans avoir peur de l'emmerder. Ni une ni deux, Léandra quitte la chambre, et je la suis machinalement jusqu'au salon. Elle s'arrête, semblant avoir oublié quelque chose. De mon côté, je n'ose pas bouger, et attends patiemment qu'elle fasse ce qu'elle a à faire, soit, visiblement, faire une petite décoration pour son apéros. Pourquoi est-ce qu'elle se prend la tête à faire ça ? Ça va, je ne suis pas le président non plus ! Une bière, un paquet de chips, et c'est tout ! Je ne dis rien, par peur de la vexer, et attendrie par son intention. Des ramequins, des bougies... Elle fait pas le boulot à moitié cette fille...

Une fois la préparation terminée, Léandra se tourne vers moi, et me fait un genre de révérence à laquelle je ne m'attendais vraiment, mais vraiment pas. Je ne dois certainement pas me rendre compte de la tête que je tire à cet instant, mais elle, si, puisqu'en me regardant à nouveau, elle s'arrête, et fronce les sourcils. Merde, encore une boulette. J'étais censée faire quoi ? Sourire, rire, lui baiser les pieds ou la main ? Elle semble déçue. « Wow, tu fais pas les choses à moitié toi. » Finis-je par dire, n'ayant rien trouvé d'autre de mieux. Je sais pas si j'aurais mieux fais de la fermer, en fait. Je me racle discrètement la gorge, alors que Léandra s'éloigne vers la cuisine. Là, je dois dire, que plus ça va, plus je me sens conne. Je prends place sur le sofa en attendant son retour, et observe un moment les bougies. Cette ambiance me rappelle vaguement quelque chose... Un canapé, une table basse, des bougies... Si, je me souviens très bien. C'était chez Lia. Une soirée, qui, à la base, n'était pas du tout prévue pour moi, mais pour son petit ami, qui lui avait tout bonnement posé un lapin, ce soir là. Lia avait fait la totale, pour ce type. La présentation était semblable à celle que vient de faire Léandra. Elle m'avait appelé, en larmes, et j'avais rappliqué. Les bougies étaient encore allumées, quand je suis arrivée. Lia s'était endormie sur le canapé, emmitouflée dans une vieille couverture. A mon souvenir, cette nuit là, je n'ai pas fermé l'œil un seul instant.

« Euh j’en fais trop c’est ça ? » Je sursaute, n'ayant même pas remarqué la présence de Léandra. Je relève la tête vers elle et lui adresse un faible sourire. « Non, du tout. C'est sympa. Merci. » La pauvre, elle doit penser qu'elle foire tout, alors que c'est moi qui agis comme une abrutie depuis mon entrée. Et en plus, je me mets à penser à Lia, alors que ce n'est vraiment pas le moment ! La jeune brunette récupère les deux bières qu'elle avait été cherché et m'en donne une avant de trinquer avec moi, son regard plongé dans le mien « A la jeunesse ! » « A notre coloc' ! » qui a plutôt bien commencé... Ironiquement. « Euh..c’est bon pour ton inscription à la fac ? Enfin je veux dire tu as déjà tout réglé avant d’arriver ou tu dois t’en occuper cette semaine ? » Ah oui, c'est vrai, mon inscription, j'avais presque oublié avec tout ça. Je hausse les épaules, en regardant droit devant moi, jouant avec ma bouteille. « Il faut que je m'en occupe, je m'y mets dès demain je pense, quand j'aurai fais un peu de rangement dans mes affaires... » Je tourne à nouveau la tête vers elle, et lui sourit. C'est gentil de sa part, de faire un effort pour lancer une discussion. « Et toi alors ? Qu'est-ce que tu fais exactement ? Tu fais des études aussi, ou tu bosses ? »

(HS: J'ai honte, pas taper per favore)

« Wow, tu fais pas les choses à moitié toi. » J’avalais difficilement ma salive, ok j’en avais trop fait. D’ailleurs je ne manquais pas de lui démontrer mon angoisse en lui posant la question. Les relations même amicales n’étaient définitivement pas faites pour moi, j’avais passé ma vie à me protéger des autres en les repoussant si bien que je ne savais pas comment bien agir et me faire des amis quand je tombais sur les bonnes personnes. Fort heureusement la mère de la jolie rouquine avait du lui mettre la pression, voila pourquoi elle était bien plus gentille et compréhensive que n’importe qui d’autre. Elea était perdue dans ses pensées et n’avait pas remarqué mon retour, j’avais du la perturber, je la vois déjà se poser tout un tas de questions. Elle est folle ? Bizarre ? Psychopathe ? Malade ? « Non, du tout. C'est sympa. Merci.» Trop aimable et compréhensive pour être sincère, ma présence la gênait j’en était sure ! Il faut avouer que mon attitude laissait à désirer malgré les efforts que je tentais de faire rien ne paraissait spontané et sincère. Je glissais nerveusement ma main dans mes cheveux en haussant les épaules avant de m’assoir à ses côtés.

Nous trinquâmes et moi comme une imbécile je trinquais à la jeunesse et elle me le fit remarquer en trinquant à notre colocation. Je me pinçais les lèvres avant de secouer la tête de haut en bas en signe d’approbation. Je tentais d’engager une conversation afin qu’elle n’ai pas l’impression de devoir tout faire pour briser ses silences pesant. A vrai dire je ne sais pas si je n’aurais pas préféré qu’elle s’isole dans sa chambre ne m’adressant pas la parole. « Il faut que je m'en occupe, je m'y mets dès demain je pense, quand j'aurai fais un peu de rangement dans mes affaires... » Je hochais la tête ne trouvant rien à répondre. Fort heureusement la jeune femme avait bien plus l’habitude que moi pour alimenter les conversations, elle reprit la parole et je devais avouer que ça me soulageais beaucoup. « Et toi alors ? Qu'est-ce que tu fais exactement ? Tu fais des études aussi, ou tu bosses ?» Aie…parler de moi… pourquoi faire ? Je me mordit la lèvre nerveusement en détourant le regard, après une gorgée de bière pour me donner le courage je répondis à sa question. « Eh bien ! Je suis en fac de psychologie…et puis je bosses dans un bar de la ville, pas franchement glorieux mais au moins je peux me faire des petits plaisirs, c’est de l’argent de poche en gros ! L’appart’ je sais pas si tu sais mais il est à mes parents…qui d’ailleurs..enfin je veux dire ça fait du bien de se retrouver seule, nous avons quelques désaccords disons… du coup c’est mieux comme ça. Et le dimanche euh oui tu mangeras seule le dimanche c’est avec eux que je le passe tradition de famille on va dire !» A en voir son air surpris je compris quelle n’en demandait pas autant, je m’étais un peu lâchée sur ce coup la ! Il manquerait plus que je lui parle de mon «soit disant fiancé ». Je posais la paume de ma main sur ma bouche avant de laisser échapper un petit ricanement nerveux. « Ce sont les risques de vouloir engager la conversation avec moi je ne sais plus m’arrêter. Tu as trouvé la clé du coffre facilement ! » Rétorquais je en plaisantant. « Dis moi tu pourrais me donner quelques conseils en dessin ? Disons que je gribouille vite fait mais je n’ai aucune base alors je me disais que peut être.. tu pourrais me donner ton avis un de ces jours…enfin si ça te gêne pas biensur !»


Voila maintenant que je lui demandais des services ! J’étais sans gêne ! Je me mis à rougir avant de replacer mes cheveux pour la cinquième fois depuis que j’avais ouvert la bouche. Je me raclais la gorge avant de lui dire pour me rattraper. «Je te jouerais de la guitare en échange !» Un large sourire fendit mon visage tandis que mon regard se plongeait dans le sien. Son visage était doux, son regard tendre, jamais quelqu’un n’avais fait autant d’effort pour être amicale avec moi, jamais quelqu’un ne m’avais fait parler de moi aussi vite. Elea pratiquait elle la magie ? Avait elle mis de la potion d’amour dans ma bière ? Trèves de plaisanteries, je me surprenais moi-même à lui parler ainsi. Comme si je la connaissais d’avant, comme si elle était dans la famille.

« Eh bien ! Je suis en fac de psychologie…et puis je bosses dans un bar de la ville, pas franchement glorieux mais au moins je peux me faire des petits plaisirs, c’est de l’argent de poche en gros ! L’appart’ je sais pas si tu sais mais il est à mes parents…qui d’ailleurs..enfin je veux dire ça fait du bien de se retrouver seule, nous avons quelques désaccords disons… du coup c’est mieux comme ça. Et le dimanche euh oui tu mangeras seule le dimanche c’est avec eux que je le passe tradition de famille on va dire ! » Moi qui m'attendais à une réponse simple et courte, là, je dois avouer être pas mal étonnée. Je pensais que Léandra était plutôt du genre à parler très peu, sur ce coup là, elle m'a battu. Je la regarde, surprise, ce qu'elle ne manque pas de remarquer, évidemment. « Ce sont les risques de vouloir engager la conversation avec moi je ne sais plus m’arrêter. Tu as trouvé la clé du coffre facilement ! » Dans ces cas là, il faudrait que je m'en souvienne ! « Haha ! Les risques ? Si tu parles comme ça à chaque fois, on risque de bien s'entendre. » Je ne sais pas exactement comment j'ai trouvé cette fameuse clé, mais c'est loin de me déplaire. J'avais peur de devoir faire la conversation seule à chaque fois, au moins là, elle vient de me prouver le contraire. « Dis moi tu pourrais me donner quelques conseils en dessin ? Disons que je gribouille vite fait mais je n’ai aucune base alors je me disais que peut être.. tu pourrais me donner ton avis un de ces jours…enfin si ça te gêne pas biensur ! » Ses dernières paroles me font sourire. Léandra prendrait-elle déjà ses aises avec moi ? Je croyais qu'il aurait fallut plusieurs jours, voire plusieurs semaines avant d'en arriver là, encore une fois, j'ai eu tord. Il faut dire que la brunette cache bien son jeu. A première vue, on penserait que Léandra se serait enfermé dans sa chambre après un simple « bonjour, bienvenue à la maison. », mais je suis agréablement surprise de voir qu'elle est plus à l'aise que je l'imaginais. Par contre, j'ignore comment elle a pu deviner que je faisais du dessin ? Sans doutes ma mère. Léandra semble néanmoins un peu gênée par ce qu'elle vient de me demander. Elle ne devrait pas ! Ça me ferait plaisir de l'aider à s'améliorer en dessin. Le seul hic, c'est que je serais un peu forcée de dessiner devant elle pour lui montrer...

« Je te jouerais de la guitare en échange ! » Bingo ! Elle m'a proposé le deale sans que je n'ai eu besoin de lui demander. C'est plutôt un bon début, ou disons plutôt qu'on se rattrape bien. « Alors là, t'as trouvé exactement les bons mots pour me convaincre ! Je t'aiderai volontiers pour le dessin, c'est pas bien difficile. » Lui répondis-je avec un large sourire, avant de boire une gorgée de ma bière. « J'ai pas pu m'empêcher de regarder dans ta chambre, sans pour autant y mettre un pied. J'ai vu ta guitare et ça m'a fait sourire. J'en joue aussi ! Bon, le problème, c'est que je l'ai laissé à Rome. Mais si tu peux jouer quelques morceaux tu feras une heureuse. Et puis, qui sait, peut-être qu'on pourra se faire un duel, quand j'aurais récupéré la mienne. » Je continue de lui sourire tout en la regardant dans les yeux. Sans le vouloir, je commence à la dévisager, et des questions me bousculent l'esprit. Il y a certaines choses auxquelles je n'avaient pas pensé avant de débarquer ici. Est-ce que Léandra a quelque chose contre les homosexuels ? Si c'est le cas, comment ça va se passer ? De toutes manières, je n'ai pas vraiment l'intention de lui en parler, surement pas maintenant. Peut-être dans quelques mois, quand je me serais faite à ma nouvelle vie, et surtout quand on sera plus proches. Peut-être même, qu'elle n'en saura jamais rien, à moins qu'elle ne le découvre elle-même ? Il ne vaut mieux pas.

Je secoue faiblement la tête en souriant bêtement, après avoir décroché mon regard de son visage. Ce qui m'aurait arrangé, c'est de tomber sur une fille stupide et laide ! Dommage, Léandra semble être loin d'être inintéressante, et elle a un physique plutôt plaisant, pour ne pas dire qu'elle est très mignonne. D'ailleurs, je me permets de lui demander une chose qui me trotte à la tête, sans arrières pensées, bien évidemment. « Une fille comme toi ne peut pas être seule, t'as quelqu'un dans ta vie, non ? » Cette question est un peu déplacée, je l'avoue, on se connait à peine, et je lui demande déjà si elle est célibataire ou non. Je tente de garder un air tout à fait décontracté, même si j'aurais préféré effacer ce que je viens de dire. L'avantage, c'est que je suis une fille, elle ne peut pas croire que je lui demande ça parce que j'espère avoir une chance de pouvoir lui faire des avances. Et puis quoi encore ? J'ai posé cette question de façon tout à fait innocente !

« Haha ! Les risques ? Si tu parles comme ça à chaque fois, on risque de bien s'entendre. » Je pouvais sentir une vent chaud glisser le long de mes joues, je baissais le regard pour tenter de reprendre mon calme. Mes joues se mettaient à rougir alors que je ne leur avais rien demandé ! Après avoir raclé ma gorge je levais timidement les yeux pour lui répondre d’une voix basse. « En fait j’ai pas tellement l’habitude..je crois..que euh.. je suis un peu nerveuse..mais t’en fais pas hein…ça va passer. » Après avoir replacé mes cheveux derrière mon oreille je bu une gorgée de bière afin de me donner un peu de courage. «Alors là, t'as trouvé exactement les bons mots pour me convaincre ! Je t'aiderai volontiers pour le dessin, c'est pas bien difficile. » Un large sourire fendit mon visage, mes yeux s’animèrent d’une lueur de joie. Cette fille était décidemment très attentionné et avait le don pour faire envoler mes malaises. Elle reprit la parole. «J'ai pas pu m'empêcher de regarder dans ta chambre, sans pour autant y mettre un pied. J'ai vu ta guitare et ça m'a fait sourire. J'en joue aussi ! Bon, le problème, c'est que je l'ai laissé à Rome. Mais si tu peux jouer quelques morceaux tu feras une heureuse. Et puis, qui sait, peut-être qu'on pourra se faire un duel, quand j'aurais récupéré la mienne. » Oh ma mère avait oublié de me mentionner cela ! Moi qui pensait être la seule à jouer de la guitare pour mon plaisir eh bien voila que ma colocataire partageait les mêmes passions pour les arts. D’un ton enjoué je répondis à la jolie rouquine : «Oh ce serait génial ! Tu m’accompagneras au chant ? Je te la prêterais si tu veux, je ne chante que lorsque je suis seule je suis loin d’être une grande chanteuse !» Un petit rire ponctua ma phrase. C’était étrange, la jeune femme me fixait avec insistance, je replaçais mes cheveux à trois reprises me demandant qu’elle énormité j’avais encore pu sortir.

La jeune femme sortit brusquement de ses pensées et m’envoya un question qui avait l’effet d’une bonne gifle dans la figure. «Une fille comme toi ne peut pas être seule, t'as quelqu'un dans ta vie, non ? » Premièrement je me mis à rougir, jamais une fille mis à part ma mère ne m’avait complimenté. Deuxièment j’entrouvris la bouche tentant de faire sortir une réponse, mais ni mon cerveau ni ma bouche ne semblaient prêts à répondre à ça. Prise de panique je répondis d’une voix forte. «Oui.» Mais j’étais une très mauvaise menteuse, pourquoi lui mentir à elle ? Ce n’était pas comme ça que je pourrais gagner sa confiance. «Je suis fiancée» Ajoutais je en faisant avec mes doigts les signes des guillemets. Elea semblait plutôt étonnée par ma réponse et je culpabilisais déjà d’avoir menti. Mais si elle le disait à sa mère c’était foutu, elle le répèterait à mes parents et ils me renieraient. Je baissais la tête en soupirant. «En fait c’est compliqué….tu vois…mes parents sont un peu vieux jeu…et euh…en fait c’est eux qui ont choisi avec qui….enfin…bon.. » Je me stoppais car je ne pouvais pas lui en dire plus, si jamais elle avait été envoyée pour m’espionner ou pire si sa famille n’appartenais pas au clan on pouvait déjà graver ma pierre tombale. «Disons que je n’ai pas vraiment eu le choix… mais…il est gentil… » Je m’emparais de ma bière et la fini d’un seul coup. Les yeux humides je me dirigeais vers la cuisine pour ramener la seconde tournée. Lorsque je revins au salon Elea semblait mal à l’aise, peut être parce qu’elle regrettait d’avoir posé cette question.

Je m’asseyais à ses côtés et lui adressait un petit sourire. J’ouvris ma bière et bu quelques gorgées avant de lui dire. «Et toi alors ? Tu va faire des ravages ici mais un conseil les Napolitains sont des beaux parleurs alors méfies toi surtout ! » Elle semblait un peu gênée par ma question, je me grattais l’arrière de la tête et me penchais vers son visage pour lui murmurer. «Euh..j’ai encore fait une boulette ? Attends je reviens ! » Je me précipitais vers la chambre et revenais guitare en main avec le sourire aux lèvres. «TADAM ! » Lançais je en écartant les bras. Je retournais m’assoir auprès d’elle et la fixait droit dans les yeux. «Tu veux commencer ? »

Comme je me doutais, Léandra est gênée par ma question et se met à rougir. Je me mordille la lèvre en la regardant et m'apprête à retirer ce que je viens de lui demander, mais elle me devance. « Oui. » Sa réponse sonne légèrement faux, je ne sais pas vraiment pourquoi. Peut-être qu'elle ment, parce qu'elle n'aime pas qu'on sache qu'elle est seule, ou peut-être que sa relation est compliquée et qu'elle n'aime pas en parler. Je garde la bouche entrouverte sans la quitter du regard, ne sachant quoi lui répondre. « Je suis fiancée » Ajoute-t-elle enfin. Ah, carrément, je ne l'aurais jamais imaginé... En même temps, c'est vrai que je ne la connais pas. Je baisse mon regard un instant, toujours muette. « En fait c’est compliqué….tu vois…mes parents sont un peu vieux jeu…et euh…en fait c’est eux qui ont choisi avec qui….enfin…bon.. » Je hoche faiblement la tête. Si j'avais su qu'elle vivait ce genre d'histoire... Je peux m'estimer heureuse d'avoir une famille telle que la mienne. Ils n'ont pas eu tellement de soucis à accepter mon homosexualité et ne m'ont jamais forcé à épouser qui que ce soit. Franchement, la prochaine fois que j'ai des questions aussi débiles à poser, je garderai ma langue dans ma poche. « Disons que je n’ai pas vraiment eu le choix… mais…il est gentil… » « Je vois. » Fais-je d'une faible voix en baissant à nouveau la tête. Au moins je suis fixée maintenant. Léandra a quelqu'un dans sa vie, et j'espère au moins avoir l'occasion de rencontrer un jour ce fameux garçon. Tout en vidant petit à petit ma bière, je suis Léandra du regard, celle-ci se dirige vers la cuisine, puis revient avec une nouvelle bouteille en main. Elle semble aussi mal à l'aise que moi. Je me sens tellement conne ! A chaque fois que j'ose ouvrir la bouche devant elle, c'est pour plomber l'ambiance.

La jeune brune retourne s'assoir près de moi, mais je n'ai même plus le courage de lui adresser un regard, par peur de trouver encore une phrase stupide à sortir pour tout gâcher. Un faible soupire m'échappe alors que je m'amuse avec ma bière. « Et toi alors ? Tu va faire des ravages ici mais un conseil les Napolitains sont des beaux parleurs alors méfies toi surtout ! » Mes yeux se plongent un instant dans les siens. J'ai du mal à décrocher un sourire à cette question, pourtant elle vient tout de même de me complimenter à son tour. Sans doutes parce qu'elle parle de garçons, et que je ne sais pas du tout quoi répondre à ça. « Je me doute, mais c'est pas vraiment un problème... » Répondis-je avec un sourire en coin, sans pour autant la regarder. C'est alors que j'aperçois son visage se rapprocher dangereusement du mien, ce qui me fait rougir. Je la regarde en coin, mal à l'aise. « Euh..j’ai encore fait une boulette ? Attends je reviens ! » Je fronce les sourcils en l'observant s'éloigner, ma bière toujours dans la main. Qu'est-ce qu'elle est partie faire encore ? C'est moi ou cette fille passe son temps à bouger ? Sans doutes pour éviter les moments gênants comme ceux-là. Léandra réapparait enfin quelques secondes plus tard, sa guitare en main. « TADAM ! »

Guitare ! Bonne idée, plutôt que de continuer à poser des questions pourries, un peu de musique nous fera autant de bien à l'une qu'à l'autre. « Tu veux commencer ? » Me demande-t-elle après s'être de nouveau assise près de moi, son regard dans le mien. Je hausse les épaules, gardant un petit sourire. « Non, à toi l'honneur ! Je meurs d'envie de t'entendre jouer quelque chose. » Je me souviens alors de ce qu'elle m'a dit quelques minutes plus tôt. « Oh ce serait génial ! Tu m’accompagneras au chant ? Je te la prêterais si tu veux, je ne chante que lorsque je suis seule je suis loin d’être une grande chanteuse ! » L'accompagner au chant ? Ça tombe mal, je suis un peu dans le même cas qu'elle. Je n'aime pas qu'on m'entende chanter. Mais après tout, peut-être que ça viendra tout seul ! Enfin, quand je serais un peu plus à l'aise avec elle... Je me place au fond du sofa et appuis ma tête sur mes mains, accoudée sur mes genoux, je la regarde et attends. Léandra semble hésiter un moment, surement gênée de devoir jouer devant moi, mais elle se met finalement à gratter les cordes, pour mon plus grand plaisir. Un sourire enfantin dessiné sur les lèvres, je la dévisage, baissant de temps à autres mon regard vers ses mains fines et agiles. Elle est douée, très douée même. Je suis comme une gamine devant le château de Disneyland. La jeune brune termine finalement son morceau, et je reste un moment sans bouger, sans rien dire, avant de m'exclamer. « C'était super beau ! T'es vraiment douée. La prochaine fois, je veux t'entendre chanter aussi ! »

Après notre discussion rapide sur les garçons je trouvais un instant pour m’esquiver. J’avais eu chaud sur ce coup la, je ne connaissais pas encore les véritables raisons de sa venue en ville et je ne savais donc pas si elle n’était pas une espionne envoyée par mes parents. J’en doutais, enfin elle l’était peut être mais pas intentionnellement et si il y avait une fuite quand à ma relation factice je pouvais déjà signer mon arrêt de mort ! la guitare s’avérait être d’une grande utilité, une bonne diversion qui passait inaperçue et ravivais le sourire de la petite rouquine. Elle choisi de me laisser jouer alors je m’exécutais regardant de temps à autre son visage réjoui. Une fois la chanson terminée Elea exprima sa joie « C'était super beau ! T'es vraiment douée. La prochaine fois, je veux t'entendre chanter aussi ! » je baissais la tête en rougissant, je suis sur qu’elle exagérait pour me faire plaisir, je ne suis pas une pro’ non plus ! Je secouais la tête de gauche à droite avant de lui dire d’une voix timide. « Ah euh ça non je ne pense pas…enfin pas intentionnellement tu pourras peut-être un jour me prendre en flagrant délit sous la douche mais la comme ça c’est pas prêt d’arriver.. tu sais je n’ai jamais chanté devant quelqu’un pas même ma mère. » C’était un non catégorique mais il ne faut jamais dire jamais !

***************************** Deux semaines plus tard ****************************

«Aie tu me fais mal !» Je lâchais le cou de la petite rouquine et m’appuyais contre le mur en soupirant. «Pardon mais le sol il est pas droit..c’est pas ma faute…attends mes clefs elles sont ou….aaaah voila » Répondis je en agitant le trousseau devant son nez. Je me retournais avec la grâce d’un éléphant, cherchant le trou de la serrure. Ma main semblait me désobéir la petite peste. Au bout de quelques secondes Elea commençait à perdre patience. «J’ai envie de faire pipi Léandra dépêche toiiiiiiiiii!» Je fronçais les sourcils laissant dépasser ma langue sur le côté de ma bouche, d’un coup sec je tentais d’enfourner cette satanée clef dans la serrure mais elle glissa de mes mains et tomba sur le sol. D’une petite voix triste je répondis. « Mais c’est pas ma faute aussi !!! C’est la serrure qui me nargue elle bouge toute seule d’abord !» Elea était plus agile que moi ou moins bourrée, elle ramassa la clef et ouvrit la porte, heureusement parce que je pense qu’on aurait pu rester longtemps dans le couloir. La petite rouquine se précipita aux toilettes en courant tandis que je titubais dans l’appartement. Je me dirigeais vers la chaine Hi fi écartant les bras comme une funanbule sur son fil. Je me trompais trois fois de bouton avant d’appuyer sur lecture, les boutons aussi me jouaient des tours, c’était la soirée de la blague ! «Voila! » Je me tournais vers Elea qui venait de faire apparition avec sa jumelle dans le salon. Je fronçais les sourcils et secouait la tête de gauche à droite pour retrouver ma Elea et pas un double flouté. Je m’avançais en chancellant vers celle-ci et m’agrippais à son cou. « On danseeeeeuuuh ? hein !?» La petite rouquine eut un recul étant donné ma délicatesse à me jeter sur elle et l’agripper comme si elle était consitituée de béton armé. Je plissais la bouche en regardant sa tête.


«Je t’ai encore fait mal c’est ça ? Roooh pardon… » Je déposais un gros bisous saveur vodka pomme sur la joue de ma jolie colocataire avant de poser ma tête sur son épaule. «C’est toi qu’avait raison…ce soir c’était bien… je..je t’écouterais plus souvent. » Je me reculais pour ne pas subir un assaut de coups ou de chatouilles mais mes pieds s’emmelèrent et je tombais sur le sol. «AIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIEEEUUUUUUUUUUUUh ! » Hurlais je , si avec ça j’avais pas réveillé les voisins ! La petite rouquine peina à m’aider à me relever tandis que je frottais mes fesses vigoureusement. Essoufflée par toutes ces émotions je vins m’appuyer le derrière contre l’accoudoir du canapé en souriant. Elea me rejoignit un large sourire fendit mon visage. «t’as du maquillage qui coule la… » Je posais mon index sur le haut de sa joue et me plaçais devant elle pour essuyer son visage. Je plissais les yeux car ma vision trouble ne me permettais pas de voir correctement la trace de maquillage qui semblait se déplacer fuyant les assauts de mon doigt. Elea recula la tête peut être par agacement ou parce que je lui faisais mal j’en sais rien. «Rooh mais attend j’ai pas finiiiii ! » je m’avançais un peu plus, elle ne pouvait pas reculer, mon corps plaque au sien je tentais d’en finir avec ce mascara qui me narguait! Elea semblait figée je penchais la tête sur le côté en fronçant les sourcils. «bah qu’est c’qui…. » Je m’emmelais dans ses pieds et tombait carrement sur la jeune femme, nous basculions en arrière et Elea tentais de s’accrocher à moi mais manque de bol j’étais pas tellement stable sur mes pieds ce soir. Elle finissait donc le dos sur le canapé et moi allongée sur elle. Un fou rire s’empara de moi et j’eus du mal à le calmer. Je redressais la tête pour fixer ma coloc, celle-ci me regardais d’une façon bien étrange. «Attends..oh je…je t’écrase..mais j’arrive pas à me…relever.. » Après m’être débattue avec mon boulet qui me servait de corps, je posais ma tête sur son épaule en soupirant. «chuiiiii fatiguée… » Je me redressais et fini par m’assoir, Elea dégagea ses jambes elle tenait à sa vie , en même temps ce soir j’étais plutôt du genre dangereuse pour les autres.


Je posais mon coude sur le dossier en regardant la jeune femme. «je t’ai pas fait mal ? » Lançais je d’une petite voix en affichant un air angélique. C’est alors que je reçu un coussin en pleine figure. Waaahou ce soir c’est magique les coussins volent ! Je l’ai pas vu venir ce soir. J’attrapais un coussin et me jetais carremment sur Elea pour la bloquer et l’assaillir de coups. La pauvre, je suis sure que je passerais pas la nuit, elle allait surement finir par me tuer dans mon sommeil. Elle réussit à me pousser, pas bien difficile vu mon super équilibre, je me retrouvais sur le dos et la jeune femme à califourchon sur moi. Je couvrais ma tête et agitais mes jambes. Elle réussit même à m’arracher mon coussin. Je levais les pouces en l’air et criais : «POOOUUUUUUCEEEE ! » . Je fixais la jeune femme tentant de reprendre mon souffle.