[Ça n'est pas bien long pour commencer, j'ai tapé ça vite fait avant d'aller à la fac !]

De fines jambes, une silhouette de rêve, une poitrine ni trop petite, ni trop opulente, un cou à croquer, des lèvres pulpeuses, un nez fin, des yeux de biche dont la couleur vous envoûte en un claquement de doigts, des cheveux foncé, encadrant ce visage angélique... « Bonjour Mattéo... Je t'ai manqué ? ». Je la fixe, sans un mot. Je suis incapable de lui répondre. Tout ce qui veut bien s'échapper d'entre mes lèvres est un faible « Francesca... » à peine audible. Je suis comme un con devant cette femme que j'ai aimé, qui m'a largué sans un mot et qui me regarde comme si elle allait me bouffer. Elle s'avance doucement, jusqu'à... ce qu'elle se jette violemment sur moi.

Voilà, je m'étais encore réveillé en sursaut suite à un de ces semblants de cauchemars où je me faisais littéralement dévoré par mon ex petite amie. Car dans le fond, c'était bel et bien ce qu'il se passait. Son retour m'avait quelque peu chamboulé et j'avais du mal à l'encaisser. Maintenant qu'elle s'était barrée, elle n'était pas obligée de remettre les pies à Napoli. J'aurais préféré qu'elle reste je ne sais où... Après tout, ne dit-on pas loin des yeux, loin du cœur ? J'aurais aimé qu'elle ne revienne jamais, permettant peut-être de me laisser entrevoir la route de la guérison sentimentale. Quelque part, elle était responsable de ce que j'étais devenu... Elle n'avait fait qu'accentuer mes défauts en me laissant tomber comme une vieille chaussette. Maintenant je jouais avec les femmes comme elle avait joué avec moi. C'était aussi simple que ça. Du moins, j'aimais le croire. Quittant mon lit, je ne pris même pas le temps d'enfiler autre chose que mon boxer. De qui allais-je me cacher ? De ma meilleure amie ? Sûrement pas ! De l'éventuel mec qu'elle avait peut-être ramené dans son lit ? Encore moins ! S'il y avait un autre type dans cette appartement, c'était même une bonne raison pour me trimballer à moitié à poil. -Question d'égo masculin, on montre toujours qui domine. C'était moi, point barre.

En arrivant dans le living-room, je la trouvais derrière le comptoir qui nous servait de délimitation de la cuisine. Elle semblait encore un peu endormi, comme chaque matin. La trace de l'oreiller pouvait se deviner sur son si doux visage. J'esquissai un sourire en coin, puis m'avançai jusqu'à elle. Passant ma main sur son avant-bras, je vins déposer un léger baiser sur son épaule. « Dis-moi que cette tasse de café est pour moi, que je n'ai pas à me le faire couler, et je ferais de toi ma reine ! » -lançais-je d'une voix encore un peu rauque à cause de mon réveil forcé, mais tout de même amusée. Il m'en fallait peu, et généralement quand j'avais la flemmardise de tout, y compris de me faire un café, c'était que ma nuit n'avait pas été des plus agréable. Elle me connaissait par cœur, ça n'était plus un scoop ! « Bien dormi toi ? Ca à l'air en tout cas... » Doucement mon index caressa sa joue. Mlle. Rossi avait dû dormir comme un vrai petit bébé...

Un bourdonnement se faisait entendre depuis quelques secondes, mais celui-ci semblait bien trop lointain pour que l’envie d’ouvrir les yeux ou de faire le moindre geste ne s’immisce en moi. J’avais pourtant bien dormi, mais l’idée de me bouger le popotin ne m’était pas encore apparue. Le visage enfoui dans l’oreiller, je tentais tant bien que mal de cacher mes yeux de la lumière feutrée de ma chambre, et mes oreilles de ce ronronnement, dont l’origine m’était totalement inconnue. Je m’amusais à deviner, à peu près, qu’elle pouvait être l’heure. J’aurai pu parier sur huit ou neuf heures du matin, sans en être totalement persuadée. Les quelques chants d’oiseaux qui traversaient ma fenêtre m’aidait à ce petit jeu. Après quelques minutes passées à me tourner et à me retourner dans mes draps, je fini par ouvrir les paupières. Alors que j’avais le regard rivé sur le plafond, le bourdonnement reprit. Cette fois-ci un peut plus réveillée, je ne mis pas fort longtemps à l’identifier : le vibreur de mon téléphone. J’abattis avec fracas ma main sur la petite table de nuit en bois et attrapa cet objet responsable de mon réveil. 4 appels en absences…. Tous de mon frère, Dimitri. Le soupir qui passa immédiatement la barrière de mes lèvres provenait tout droit du fond du cœur, si bien que j’optai pour la solution suivante : mon Iphone (oups une pub !) caché sous l’oreiller, je quittai ensuite mon lit et ouvrai les volets. Un grand soleil me faisait face et je m’accoudai doucement à la barrière, observant avec plaisir les vagues qui se fracassaient sur la plage. L’horizon était magnifique et s’étendait à perte de vue. C’était la journée parfaite pour glander en ville, et prendre un bon bain de soleil.

Laissant la fenêtre ouverte, je sortis de ma chambre avec pour seuls vêtements, un débardeur moulant et ma petite culotte. J’étais chez moi et je me baladais bien comme bon me semblait. L’appartement était encore silencieux, Mattéo devait dormir mais j’avais presque envie de faire un boucan pas possible pour qu’il émerge et m’offre un peu de compagnie. J’entrepris de faire couler du café, car une bonne journée ne pouvait commencer sans un bon café. C’était une habitude que j’avais pris il n’y a pas si longtemps, après que j’eus commencé mon travail dans un musée de la ville. Après quelques jours où j’étais arrivée le matin avec une mine des plus fatiguée, j’avais vite compris qu’un café était vital pour se réveiller pleinement. A côté de lui, la douche faisait pâle figure, et pourtant, Dieu seul savait à quel point j’étais une adepte invétérée du jet d’eau froide en plein visage pour émerger. Tasse placée sous la cafetière, je laissai tranquillement l’eau dégouliner dans cette dernière et sortit un paquet de gâteau du placard. Un paquet qui était censé être plein, mais visiblement mon colocataire-meilleur-ami était passé par là et ne m’avait laissé que deux pauvres ridicules et cassés biscuits. Merci Mattéo. Je pestais doucement contre lui et attrapai pas tasse brûlante, avant de m’installer confortablement sur un tabouret du comptoir de la cuisine. J’aurai pu me relever pour allumer la télévision et me caler sur une chaine débile de dessins-animés, mais j’entendis Mattéo ouvrir la porte de sa chambre, et un caleçon noir et moulant m’apparu alors. Oh là, mais c’est qu’il semblait de bonne humeur lui, s’en était presque effrayant. Vu sa tête, il avait l’air d’avoir aperçu un fantôme et je ne pu m’empêcher d’afficher un petit sourire moqueur alors qu’il s’approchait de moi. Et c’est qu’en plus, il avait l’intention de me voler mon café. Je repoussais gentiment sa main, secoua la tête vivement. « Alors là tu rêves mon chéri. Et puis de toute façon, comment tu veux faire de moi ta reine ? Tu n’as pas une seule goutte de sang royal qui coule dans tes veines. » Il soupirait fortement et j’étouffais un petit rire, descendant doucement mon regard sur son torse musclé. Pour illustrer mes propros, je trempai vivement mes lèvres dans ma tasse, le narguant doucement. « J’ai visiblement mieux dormi que toi en tout cas… Que me vaut cette mine déconfite ? ».

Au diable ! Cette tasse ne m'était pas destinée ! J'allais devoir me faire couler mon propre café. Adressant un regard de pauvre petit garçon, je tentais d'amadouer ma belle blondinette. Sans succès. Elle ne lâchait rien, et me faisait part de son état tout en ayant le culot de boire sous mon nez. « Tu pourrais au moins m'attendre ! » -lançais-je, accompagné d'un air boudeur. Je faisais mine d'être contrarié, bien que je l'étais déjà un peu à la base. Ma nuit n'avait pas été des plus reposantes, et pourtant je n'avais fait aucune folie pour expliquer ces traits fatigués. J'avais simplement mal dormi, et ma meilleure amie se jouait de moi de bon matin. Ça devait l'amuser de me voir dans cet état ! Elle en riait légèrement, ça voulait tout dire ! En gros, elle se foutait de moi ! Je lui adressai un sourire faussement amusé, tout en m'emparant d'une tasse pour venir la placer sous la cafetière. « Faut tout faire dans cet appartement ! » Là, c'était à mon tour de me moquer d'elle, et ce, ouvertement ! Je levais à peine le petit doigts concernant l'état de l'appartement. Certes, je passais volontiers derrières les fourneaux lorsqu'il le fallait, ou seulement par plaisir, mais je foutais un bordel incroyable. Du coup, Soa avait tendance à limiter la casse en me demandant de me tenir tranquille. Un comble, lorsqu'on vit dans le dit lieu, non ? « Rien... Pas assez dormi... Et très mal dormi surtout. » Je secouai légèrement la tête en passant ma main sur mes yeux endormis. Je n'allais pas plus loin dans les explications. Non pas que je cachais quoique ce soit à Soa, mais simplement car je refusais moi-même de penser d'avantage à Paolina au petit matin. Enclenchant le bouton de la machine, je laissais ce café chaud remplir ma tasse, portant alors mon attention sur le paquet de gâteau. Celui que je n'avais pas épargné à la sortie du centre commercial et dans lequel il devait restait un ou deux survivants. Pour la peine, je m'en emparais et me reculais pour ne pas qu'elle me pique ce petit déjeuner. Après tout, elle n'avait pas voulu me faire un café... J'étais en droit de la privé de gâteau ! La belle allait probablement grogner. De ce fait, je préférais la devancer, usant de provocation et de taquinerie. « C'est mauvais pour ta ligne, je t'épargne une séance de sport... Tu devrais me remercier ! » Pour ponctuer ma phrase, je désignais un biscuit et croquait dedans. Puis je récupérai ma tasse, prêt à l'engloutir dans l'espoir vain que la caféine me réveille !

Je m'appuyai contre le plan de travail, et avalai une gorgée de café tout en la détaillant. Il n'était pas rare que mon regard se balade sur ses courbes. Pour être franc, je les adorais... Soa avait un corps magnifique, et j'utilisais par moment ce prétexte pour expliquer nos moments intimes, dépassant de loin la simple amitié. Elle avait dû remarqué mon regard baladeur, tout comme j'avais pu sentir le siens se poser sur moi quelques instants auparavant. « Un jour on découvrira que je suis le fils caché d'un grand monarque, et là... Tu t'en mordras les doigts ! Enfin je dis ça... Je dis rien... » Je haussai les épaules et termina ma tasse en quelques gorgées, tout en laissant le dernier gâteau à la jeune femme. « T'as été sage, cadeau ! » Je passais à côté d'elle, lui offrant un joli sourire moqueur. J'avais mal dormi, mais je semblais être dans mon élément. Chieur comme jamais, j'allais passer une bonne journée !

Grrr quel grincheux il faisait ! Mais c’était ce qui faisait son charme… ou presque. Enfin, évidemment, ce n’était pas le genre de chose que j’allais lui avouer, au risque qu’il prenne la grosse tête et qu’il lui prenne l’idée d’être toujours grincheux en ma compagnie. Non, mieux valait garder ce genre de pensées bien au fond de moi. En dépendait la survie de mon espèce. Car même si j’aimais son air renfrogné et encore plus lorsque j’en rajoutais, il ne fallait tout de même pas abuser des bonnes choses.
Je me moquais gentiment de lui et de la tête qu’il faisait en ce si bon matin. Qu’elle idée quand même de tirer la tronche avec ce beau ciel bleu dehors, le printemps qui avait fait son appariation depuis quelques semaines maintenant, et surtout, me voir ! Franchement, je ne voyais aucune raison d’être de si mauvaise humeur dès le matin. J’observais ses petites fesses se trémousser jusqu’à la machine à café. Il pestait, ce qui me décrocha un nouveau petit rire. « Bah voyons, pauvre petit Mattéo… Arrête donc, tu vas finir par te tuer à la tâche… » Répondis-je sur le même ton moqueur que les fois précédentes. J’aimais le voir ainsi, sachant pertinemment que cet état aurait disparu dans quelques minutes. Après tout, Mattéo ne pouvait pas faire la gueule indéfiniment. Pas avec moi dans les parages en tout cas, car il pouvait être certain que je mettrais tout en œuvre pour le faire sourire. Quitte à paraître ridicule. A ses yeux, le ridicule était loin de me tuer.

Sa réponse fut brève et ne pouvait qu’avoir comme conséquences de faire naître en moi de la curiosité. D’autres questions traversais mon esprit à une vitesse affolante, et je ne pu m’empêcher d’hausser un sourcil, reprenant pour quelques secondes mon sérieux. « Alors quoi Matt, qu'est-ce qui te perturbe au point de t'empêcher de dormir ? ». Je ne connaissais pas mon ami comme sujet aux insomnies. Bien au contraire, il trouvait facilement le sommeil et pouvait se faire des grasses matinées dès qu’il le voulait. Son manque de sommeil ce matin ne pouvait que m’interroger évidemment. Inquiétude qui disparu bien vite lorsqu’il s’empara du paquet de gâteaux, l’éloignant à bonne distance de ma portée. Ses paroles me décrochèrent un petit « Han » de frustration. Les yeux écarquillés, les sourcils froncés, je fini par répondre. « Hé bien, je pensais pourtant que tu appréciais nos séances de sport… » Dans le genre sous-entendu pervers et pourri, on ne pouvait pas faire mieux, je le reconnais. Mais c’était tout ce dont j’étais capable ce matin, et je savais que de toute façon, cela était bien suffisant pour effacer cet air ronchon de son minois.
Je tournoyais légèrement su mon tabouret, faisant presque exprès d’exposer mes jambes – nues – à ses beaux yeux ténébreux. Je savais l’effet que je pouvais avoir sur lui, et m’amusait souvent avec ça. Tasse en main, je trempais de temps à autres mes lèvres, observant avec un intérêt particulier Mattéo et son café. La caféine semblait lui faire reprendre vigueur et il trouva enfin une remarque censée. « Hé bien.. Quand ce jour arrivera, tu pourras toujours faire de moi ta reine…» Me contentais-je de répondre en me levant. Je fis quelques pas et posa ma tasse au fond de l’évier avant de la remplir d’eau. J’attrapais au passage le gâteau qu’il me tendait et me hissa sur le plan de travail, commençant à picorer son magnifique cadeau. « Alors… quoi de prévu pour aujourd’hui ? Tu vas faire une sieste comme les vieux… ? » Nouveau sourire moqueur, suivit d’un tirage de langue très enfantin. Soa dans toute sa splendeur.

Elle se moquait gentiment de moi, mais j'en avais l'habitude. L'entendre se foutre ouvertement de ma gueule faisait désormais mon quotidien, et je l'avais accepté dès lors qu'elle avait installé ses affaires dans cet appartement. La colocation se passait à merveille. Je pouvais râler, elle pouvait se moquer. Que demander de plus ? Lorsqu'elle le faisait, je me contentais de faire la sourde oreille. En règle générale, ça passait comme une lettre à la poste. Et lorsque ça bloquait, dans le cas contraire, je feintais d'être horriblement vexé, et la belle tentais de légères excuses pour apaiser mon égo froissé. Là, je sentais que ça ne serait pas le cas... La preuve, elle ne voulait même pas me faire couler un café et j'en étais réduit à le faire tout seul. « Je n'osais pas le dire... Tu auras ma mort sur la conscience ! » -lançais-je en guise de réplique. Ma répartie était probablement restée dans mon lit, collée contre mon oreiller. Je m'en fichais, j'avais besoin de ma dose de caféine.

Comme à son habitude, elle se montra bien curieuse, cherchant à savoir ce qui avait pu me mettre de si bonne humeur ce matin. Ironie, quand tu nous tiens... Je me montrais très bref dans ma réponse, ne souhaitant pas tellement parler de mon ex petite-amie au petit déjeuner. Il y avait mieux pour se mettre en appétit et bien démarrer sa journée qu'un cœur tout émietté. Mais ça ne l'arrêta pas pour autant. Au contraire, j'avais fait une belle erreur en attisant davantage son désir d'entrer dans ma tête et comprendre ce qu'il pouvait bien s'y passer. Elle me connaissait trop bien pour en rester là et se contenter de cette explication bancale. Rien ne pouvait perturber à ce point mon sommeil, elle en savait quelque chose. Le dernier rappel concernant la facture d'électricité a trainé 1 semaine sur le comptoir de la cuisine sans que je m'en soucis le moins du monde... Le loyer ? Pareil ! « Rien... Laisse tomber. Pas envie d'en parler. » Avec ça, elle allait probablement très vite comprendre de quoi il s'agissait.

Passant à autre chose, je préférait me concentrer sur mon estomac et ces biscuits qui me faisaient de l'œil. Pire que des nanas ces deux-là ! Ils m'appelaient et me suppliaient de les manger. Ok, ok... Je ne me suis pas fait prier pour m'en emparer, glissant au passage que je faisais ça pour le bien de mon amie ! Sa réplique me fit sourire. Une de ces expressions très particulières, à la fois amusée et émoustillée. « Ah mais je ne parlais pas de ce sport là... » Je ponctuai le tout en levant les yeux au ciel, tout en croquant dans mon gâteau. « Sauf si tu veux arrêter... » Et là, je haussai les épaules. Elle faisait bien ce qu'elle voulait, je n'étais pas encore un violeur, et je comprenais parfaitement que ce genre d'activités ne rentraient pas tellement dans le contrat de la meilleure amie. Elle balançait ses jambes sous mes yeux... A croire qu'elle me provoquait ouvertement ! Depuis notre première fois, j'avais du mal à la regarder comme avant. Certes, j'étais toujours son ami, le meilleur, mais je me montrais aussi bien différent dans mes réactions. Je me montrais plus possessif par exemple... Ou bien je devenais à moitié fou si des mains baladeuses se posaient sur elle, juste devant moi, et qu'elles ne m'appartenaient pas. Oui, jaloux... Protecteur aussi... Un ami quoi ! Un ami particulier. Elle méritait en effet qu'on fasse d'elle une reine, mais elle avait souligné avec brio que je n'avais rien de royal.

Lorsqu'elle passa à côté de moi, j'eus l'envie de la retenir. Mais elle fila bien vite, s'installant sur le plan de travail. Je m'approchais, venant me placer juste en face d'elle. Doucement, je fis en sorte qu'elle écarte légèrement les jambes pour passer mes mains de chaque côté de ses cuisses pour les coller contre mon bassin. Ainsi entre ses fines gambettes, j'esquissai un sourire moqueur. « Je ne suis pas comme toi mamie marmotte. Je dors peu, mais je tiens le coup toute la journée ! J'dois enregistrer à 15h. Et toi ? A part me chouchouter toute la matinée, quel est ton programme ? » Quoi ? C'était ma manière de réclamer de l'attention. Je l'imposais.

Depuis le temps que Mattéo et moi nous connaissions, je le savais d’ordinaire avec plus de répartie que cela. Je me contentais de lui sourire, justifiant sa faible réplique par son visible manque de sommeil. Après tout, on ne pouvait pas toujours être au top de sa forme, et j’en étais parfaitement consciente. J’aimais les petits pics que nous pouvions nous lancer de temps en temps… -ok, souvent- mais j’aimais aussi les moments plus calme où nous pouvions nous câliner et prendre soin l’un de l’autre – sans esprit tordu, cela va de soi. Je l’observais de mon poste, tremper ses lèvres dans son café, grignoter son biscuit comme un petit oiseau, et puis finalement, reposer son regard sur moi.
Je ne pouvais m’empêcher de l’interroger sur sa soudaine difficulté à dormir. Il avait attisé ma curiosité, qui n’avait d’ailleurs pas besoin de grand-chose pour être stimulée et mon regard le trahissait. J’étais gourmande de ces possibles explications… explications qu'il ne me donna finalement pas, prétextant qu’il n’avait pas envie d’en parler. Or, il ne m’en fallait pas plus pour comprendre ce qui lui trottait dans la tête : le retour de Paoline et les sentiments contradictoires qu’il avait à son égard. C’était d’ailleurs depuis que nous avions croisé l’ex de Mattéo au marché il y a quelques semaines, que nous nous étions mis à jouer à un petit jeu : faire semblant d’être en couple pour la rendre jalouse, et surtout, l’éloigner au plus de Mattéo. Evidemment, c’était l’esprit tordu de mon cher et tendre colocataire qui avait eu cette idée, et qui, s’en m’en faire réellement part au préalable, c’était mis à jouer. Je n’avais eu d’autre choix que de le suivre, trouvant aux premiers abords cela complètement ridicule. Et puis finalement, de jours en jours j’avais fini par moi aussi, me prêter au jeu. Et justement, aujourd’hui, je me demandais si c’était toujours un jeu ou non, car même en l’absence de la demoiselle, lorsque Mattéo et moi étions seuls à l’appartement, sans regard envieux sur nous, il nous arrivait, bien souvent, de terminer la soirée ou l’après-midi, voir même la matinée, dans le même lit. Et je ne savais pas réellement quoi en penser. Je levais à mon tour les yeux au ciel, haussant les épaules par la même occasion. « Non, je ne veux pas arrêter… a moins que toi tu veuilles… enfin… C’est comme tu veux… » Lâchais-je, alors. Nous n’avions jamais réellement parler de ce que nous faisions tous les deux depuis quelques semaines. Je n’avais jamais osé aborder le sujet, ne sachant pas vraiment quoi lui dire. La seule chose que je savais c’était que ça me plaisait, même si j’ignorais où tout cela allait nous mener. J’avais peur en réalité que cela détruise notre amitié. Sûrement d’ailleurs, nous avions tord de coucher ensemble. Mais maintenant que nous avions commencé, il m’était impossible de m’arrêter. Tout était différent maintenant et je savais que jamais, nous pourrions être capables de retrouver notre amitié d’antan. Nous avions été trop loin, trop intime pour revenir en arrière à présent. Et je savais qu’un jour où l’autre, nous devrions prendre une décision. Avancer. Mais ce jour là n’était pas encore arrivé. Oh non, je n’avais aucunement envie de prendre une décision, préférant restée dans la même position qu’aujourd’hui.

Il venait de se placer entre mes cuisses et presque inconsciemment j’enroulais rapidement sa taille de mes jambes, effleurant les courbes de ses fesses par la même occasion. Mes mains posées à plat sur le plan de travail m’aidaient à trouver mon équilibre, et mon sourire s’écarta en entendant mon meilleur ami parler. « Ha bon ? Je n’étais pas au courant du programme de ma matinée, tu vois… Et si j’avais d’autres choses de prévues, hein ? J’ai peut-être un rendez-vous, qui sait ? » murmurais-je, taquine. Je le croquais du regard. J’aimais ses yeux sombres qui se posaient sur moi dès le matin.