▬ père castor ? c'est qui loui ? il raconte dé histoires ? comme moi ? imposteur !

« JE VEUX FAIRE DE LA DANSE ! » « On ne dit pas « je veux » mais « est-ce que je pourrai » ! » « Mais moi je veux faire de la danse ! » « Il y a une grande différence entre vouloir et avoir ! » « Mais quand on veut on peut et moi je veux ! » « Bien, demain on ira voir les clubs de danse, mais je te préviens Georige, si c'est pour qu'au bout d'une semaine tu viennes pleurer pour arrêter se sera la dernière fois que tu fais un sport ! » « Promis maman je dirai rien ! » « Tu as dit la même chose pour la clarinette. » « Mais c'est pour les débiles ! » « Et le foot ? » « Pour les garçons ! » « Et la natation ? » « J'aime pas l'eau ! »

Capricieuse, chiante, chieuse, agaçante, déterminée et surtout sportive ! C'est ainsi que je pourrai me qualifier depuis que je suis en âge de parler. Véritable touche tout, il n'y a pas un sport qui ne soit pas passer entre mes mains et jambes d'expertes. Petite, il fut une longue période où j'essayais en vain de vouloir surprendre mon père qui désirait un petit garçon. Ayant pratiqué le foot féminin, j'arrêtai cependant au bout de quelques mois car j'étais bien plus fine que les autres de mon âge, petit brindille, même l'entraîneur semblait avoir peur que je me brise en mille morceaux sous un simple choc ! Au bout d'un mois je rentrai chez moi en pleurant à ma mère que je ne voulais plus aller au football en club parce que les filles ne me passaient pas la balle au risque que je ne me casse un os. Bien évidemment, je le sais encore mieux que personne, nous ne sommes pas fait de sucre ! Je n'allais pas me briser si je recevais un coup, souvent, lors de match, il n'était absolument pas rare de me voir hurler sur ma propre équipe, non pas que je sois la capitaine, mais uniquement pour les avertir que j'étais démarquée et qu'elles pouvaient me passer la balle. C'est peut-être même à cause de cette histoire que je ne suis pas si proche des filles que certaines le sont, préférant de loin la compagnie des garçons, eux n'avaient pas peur de me « sauter » dessus lorsque je leurs hurlai dessus. Tenir tête était même l'un de mes passe-temps favoris ! Je ne supportais et ne supporte toujours pas qu'une personne me tienne tête alors que j'affirme une chose que je sais véridique ! Par la suite, je me mis à la musique, comme l'avait fait ma mère dans sa folle jeunesse d'australienne hippie dont les parents parcouraient le pays au volant d'un van à la marguerite dessiné dessus. Clarinette, trombone, flûte et même triangle, je n'ai cependant une fois de plus pas trouvé mon bonheur, les cours de solfège se révélaient être les cours les plus ennuyeux du monde dans lesquels je ne manquai pas une seconde de m'endormir ! Puis, c'est aux alentours de 8ans que je découvris ce qui aujourd'hui pourrait être assimilé à mon gagne pain. La danse, véritable révélation ! Lorsque je pris mon premier cours je suis instinctivement que plus tard j'en ferai mon métier. J'avais le rythme dans la peau, la souplesse d'une gymnase ainsi que la détermination d'un chef de la République. Mon père n'y soumis aucune objection, sa fille semblait être aussi masculine que féminine, il fut même le premier à inciter ses collègues à venir me voir lors de mon premier spectacle « Les Rats d'Opéra font leur cinéma ». Rapidement les cours qui n'étaient qu'au départ qu'un passe-temps comme un autre se révélèrent être beaucoup plus intensifs et à 14ans j'arrêtai l'école privée dans laquelle j'étais, une des meilleures élèves bien que ne donnant que 50 % de mes capacités, pour me rendre dans un établissement spécialisé en sport étude. Je savais dés à présent que la danse ferait partie intégrante de ma vie !

« Georgie, tu es tout bonnement... » « Bonne je sais ! » « J'allais le formuler autrement mais puisque tu viens de me couper ! » « Rassures-toi, tu n'es pas le premier à me le dire. » « Je veux bien te croire. Une cigarette ? » « Non c'est écœurant ! » « Tu ne sais pas ce que tu rates ! » « Et toi tu ignores encore qui tu viens de te taper ! » « Je vois que madame aime s'auto-congratuler ! » « Mademoiselle ! Et il n'y a aucun mal à se vanter, c'est le propre de l'Homme ! » « Bien, je suppose que ça ne sert à rien que je t'invite à boire un verre. » « Tu as tout compris, si jamais j'ai besoin de toi j'ai ton numéro ! »

Je ne crois pas aux relations sérieuses, du moins, je n'y crois plus ! Je ne veux plus y croire, je ne veux plus tomber dans le panneau ! Bien qu'ayant un fort caractère, je ne reste pas moins cette jeune femme plus ou moins fleur bleue et romantique qui inconsciemment cherche encore le Prince Charmant alors qu'elle sait parfaitement qu'il n'existe pas. Souvent proie aux idées idiotes des garçons, je perdis d'ailleurs ma virginité lors d'une soirée bien trop arrosée à mon goût alors que je n'avais que 16ans, amoureuse d'un jeune homme, il ne lui a fallut qu'un simple claquement de doigts pour que je me retrouve dans son lit à lui donner une chose que jamais je ne récupèrerai. Refermant alors mon coeur à n'importe quel homme après au bout d'une troisième relation des plus catastrophiques, un danseur tout comme moi qui ne manqua pas d'aller voir ailleurs alors que je me produisais sur une scène avec ma compagnie de l'époque, je me refermai un peu plus dans la danse. Privilégiant depuis les relations non sérieuses, je ne suis pas pour autant une fille facile ou une fille qui apprécie les relations d'un soir, disons que je favorise les « sex-friends » ou encore les « pcr » - plan cul régulier – dans le jargon typiquement français. Je n'accorde pas ma confiance facilement, c'est pourquoi jamais aucun homme, après m'être à trois reprises prise des murs de bétons dans la figure, n'a eut « le plaisir » de partager plus d'un mois en ma compagnie et pour le moment je dois dire que je m'en tire plutôt bien ! Certes, je me surprends parfois à rêvasser d'un petit couple marchant dans les rues parisiennes cherchant un restaurant dans lequel ils pourraient dîner le soir même, ou encore partager de longues et interminables nuits ensemble, à faire l'amour avec des sentiments et non pas par envie, s'endormir l'un dans les bras de l'autre et non partir au petit matin en disant que je le rappellerai si nécessaire. Oui, je suis encore cette petite fille âgée de 6ans qui pense que le Prince Charmant pourrait être là au coin d'une rue et que nous nous bousculeront par pur hasard.

De même, il semblerait que je n'arrive pas à avoir de relations sérieuses pour l'unique raison que je fasse peur aux hommes. Sous prétexte que je tienne tête, que je ne m'incline pas devant un obstacle, que j'aime me débrouiller par moi-même, mais surtout parce que j'aime ma petite personne et je l'entretien comme il se doit, je les fais fuir comme la peste fait peur aux Hommes. Y-a-t-il un mal à ce qu'une personne s'aime et ne se déteste pas ? Certes je ne suis pas la huitième beauté du monde mais ce n'est pas pour autant que je passe ma journée à m'enfoncer des couteaux des mes plaies ! Blonde, des yeux bleus, un visage fin, des airs angéliques, une silhouette frêle et athlétique, je suis fière de ce que je suis et je ne vous cache pas que j'aime également que l'on parle de mes exploits en représentation, mon rêve ultime étant d'être le sujet même d'un spectacle de danse dans lequel je pourrai montrer mes talents à la terre entière.

« Acceptée ? » « Oui tu m'as bien entendu, tu as été prise en tant que danseuse ! » « Putain de bordel de merde ! » « Georgia, je t'ai déjà dit d'arrêter de placer des « putain », des « bordel », des « merde » et des « fais chier » dans chacun de tes phrases ! » « Oui je sais mais là ! Putain je le savais ! » « Et la modestie tu ne connais pas ! » « Attends, j'ai été entrainée par le meilleur prof de danse du pays, je suis la meilleure danseuse que tu as vu jusqu'à présent, il était normal que je sois prise ! » « Ce n'est pas faux, mais il faudra que tu t'entraînes tout les jours pour rester au niveau, ils sont tous aussi excellents les uns que les autres là-bas ! » « Je n'ai pas peur de la compétition et de l'entraînement intensif ! Sinon, je pars quand ? » « Dans un mois ! » « Putain, fait chier ! » « Georgia ! » « Ouais je sais ! » « Qu'est ce qu'il y a encore ? » « Je vais partir ! Putain ! »

Depuis mes 8ans je ne jure que par la danse ! Arrêtant l'école privée dans laquelle mes parents avaient dépensé une fortune pour que j'y entre et ce, malgré un dossier scolaire à la limite du renvoie étant donné le nombre de bagarre et d'insultes que je ne cessai d'être impliquer ou de dire, heureusement pour eux, mes notes n'ont jamais été trop mauvaises, avoisinant très souvent les 12, j'étais cependant bien en dessous de mes capacités comme le pensait la conseillère d'orientation de mon école. Tant pis, plus rien n'avait d'importance dans ma vie si ce n'est la danse ! J'avais même réussi à faire à convaincre mon père que j'étais une parfaite danseuse, qu'il n'avait pas à avoir honte de ne pas avoir eu de garçon malgré les nombreuses tentatives d'avec ma mère. Pratiquant toujours le football, seulement en compagnie de mes plus proches amis – à savoir 3 personnes – je consacrai cependant tout le reste de mon temps à la danse. Lorsque j'entrai dans l'école de sport étude la plus renommée du pays, j'entrai également dans un monde très restreint, un monde dans lequel la compétition, la rage de vaincre et d'être le meilleur, l'envie de surpasser les autres et surtout la sévérité étaient les maîtres mots, tant mieux finalement puisque j'aimai la compétition, j'aimai la difficulté et par dessous tout j'aimai me surpasser ! Les premiers mois furent les plus durs cependant, bien que considérée comme trop fine pour faire un sport comme le football j'étais cependant légèrement au dessus du poids adéquate pour la danse, de même que je n'étais pas aussi musclée que les autres, c'est pourquoi je m'investis plus que n'importe qui dans le but de les égaler, non que dis-je, de les surpasser ! Enchaînant les spectacles ainsi que les entraînements, je ne tardai pas, à force de vouloir, à devenir l'un des éléments clés de l'école, promise à un véritable avenir dans la danse, je fus même, lors d'une représentation chargée de mettre en place une chorégraphie pour l'une des danses. Et voilà comment, quelques jours plus tard je quittai mes parents ainsi que mon pays natal pour me rendre dans l'une des plus belles villes du monde afin de percer !

« Comment ça ? » « Votre cheville est très fragilisée par l'effort intense que vous lui demandez » « Normal, je suis danseuse étoile !» « Je suis désolée mademoiselle Del Duca, mais je pense qu'il serait bon pour vous de stopper la danse, pour quelques temps.» « Qu'est ce que vous croyez ? La danse c'est ma vie, mon putain de gagne pain, si je l'arrête je n'aurai plus rien !» « Soit vous prenez des « vacances » le temps de reposer votre cheville qui ne tient plus qu'à un tendon, soit vous continuer et vous pourrez dire adieu à la danse et à la marche. » « Foutaises !» « Je sais que la vérité est dure à encaisser mais vous savez, il y a plein de métiers dans la danse qui ne vous demande pas beaucoup d'effort.» « Prof de danse pour les petits je suppose ?» « Vous avez bien commencé en tant qu'élève. » « Allez vous faire foutre vous et vos radios ! » «Mademoiselle Del Duca, si vous continuez... » « C'est ce que l'on verra !»

Et elle n'avait effectivement pas tord ! 2 semaines plus tard, lors d'une représentation dans la belle ville de Madrid, je me retrouvai agonisant sur les planches en bois d'une salle de spectacle pleine à craquer. Ma cheville n'avait pas tenu le coup, j'aurai du l'écouter. Tout comme j'aurai du écouter Alyssa dés le début, elle que j'avais si bêtement jeté aux oubliettes prétextant qu'elle était jalouse que l'avenir s'ouvrait à moi tout en se refermant à elle. J'avais plongé bien trop d'espoir dans cette passion qui finalement n'avait fait que me détruire au fur et à mesure que les années avançaient. Ayant perdu tout contact avec Naples, mes parents m'avaient même coupé les vivres lorsque je leurs annonçai ne pas avoir besoin d'eux sous prétexte que je gagnai suffisamment pour réunir leurs deux salaires déjà bien conséquents. La danse classique de haut niveau c'était terminée pour moi le jour où en plein appuie sur ma jambe gauche je sentis un étirement d'une douleur inqualifiable. Dieu que je peux me détester parfois, Alyssa avait finalement eu raison, peut-être trop aveuglée par le désir de gloire et par ma carrière montante, j'en avais oublié les fragilités d'un corps humain.

Quelques mois plus tard je quittai la ville de Madrid pour continuer ma convalescence à Naples, la ville qui finalement ne m'avait jamais quitté alors que j'avais, en vain, essayé de quitter un bon nombre de fois. Aujourd'hui je ne suis plus qu'une âme errante sur cette Terre. Calmant la douleur de ma blessure avec des cachets voir même avec des substances que jamais je n'aurai osé goûter, j'essaye en vain de financer mon logement en continuant la danse de manière... érotique. Vendant mes talents de danseuse dans un bar miteux, il m'arrive souvent, et croyez moi la honte qui m'anime à cet instant, de vendre mon corps uniquement pour arrondir mes fins de mois et accessoirement pouvoir m'acheter suffisamment de drogue dans l'espoir de calmer la constante douleur... Ma carrière est finie, ma vie est terminée, à quoi bon continuer à montrer un si beau visage alors que tout semble me tourner le dos ?